Maria Montessori : portrait d’une féministe engagée

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Maria Montessori est souvent perçue comme une figure austère et rigide, associée à une pédagogie classique. Cependant, le film “La Nouvelle Femme” de Léa Todorov offre un éclairage nouveau sur cette pionnière de l’éducation, dévoilant des aspects méconnus de sa vie personnelle et professionnelle. Pour mettre la lumière sur ce personnage captivant, on fait le point avec Vincent Bardot.

Les débuts tumultueux de Maria Montessori

Aux alentours de 1900, Maria Montessori, l’une des premières femmes diplômées de médecine en Italie, codirigeait l’institut orthophrénique de Rome. En parallèle, elle entretenait une relation secrète avec Giuseppe Montesano, un collègue médecin. De leur union naquit un fils, Mario, qu’ils durent cacher pour préserver la carrière de Maria.

À cette époque, le mariage et la maternité étaient jugés incompatibles avec une carrière professionnelle féminine. Maria, malgré son diplôme et son dévouement, travaillait sans rémunération, ce qui illustre les sacrifices qu’elle a dû consentir pour avancer dans un milieu dominé par les hommes.

La pédagogie de l’amour, une approche révolutionnaire

Le film de Léa Todorov révèle une Maria Montessori encore méconnue, en pleine construction de son identité et de sa pédagogie. Loin de l’image austère, elle apparaît comme une femme passionnée et déterminée. Sa rencontre avec Lily, une cocotte parisienne, incarne l’appel à la liberté et à l’affirmation de soi. Cette amitié improbable montre que Maria puisait sa force dans l’amour et la compassion, principes fondamentaux de sa pédagogie. Elle aidait les enfants neuro-atypiques à s’épanouir, non par des méthodes coercitives, mais par la bienveillance et la confiance en leurs capacités intrinsèques.

Une féministe et catholique ambivalente

Maria Montessori a toujours été en avance sur son temps, défendant des idées progressistes tout en respectant certaines traditions. Elle participa au premier congrès féministe à Berlin en 1896 et fut parmi les premières femmes à voter en Italie. Pourtant, ses revendications restaient modérées, sans jamais basculer dans la provocation. Son rapport à la religion était également complexe. Élevée dans la foi catholique, elle envisagea même de devenir religieuse, mais ses convictions la portaient vers une spiritualité plus ouverte et non-dogmatique. Son engagement dans la société théosophique européenne, qui prônait la vérité dans toutes les religions, en est une illustration.

Une relation complexe avec l’Église

Maria Montessori entretenait une relation ambivalente avec l’Église catholique. Elle adhérait à la société théosophique, appréciant son approche interreligieuse et progressiste. En même temps, elle citait souvent la Bible et les Pères de l’Église dans ses écrits. Ses méthodes pédagogiques, sans règles strictes ni punitions, suscitaient des critiques au sein de l’Église. Cependant, elle reçut aussi des soutiens, comme la bénédiction de Benoît XV. Sa vision éducative, centrée sur la paix et l’épanouissement de l’enfant, restait incomprise par certains courants conservateurs.

Ainsi, le film de Léa Todorov nous offre une perspective riche et nuancée sur Maria Montessori, révélant une femme libre, moderne et profondément humaine, dont l’héritage continue d’inspirer.

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